samedi 4 juin 2011

L'école dans ma tête - par Sandra Dodd

The school in my head
Traduction: J'OSE la vie !
photo : courtoisie Sandra Dodd
« Personne n'est parfait », dit-on ; j'ai été mise au défi de révéler mes propres doutes et échecs. Ça ne me dérange pas.

J'ai encore une école dans ma tête. À preuve, mon refus total d'aller à Disney World. C'est un « non » catégorique pour moi, et la seule chose qui aiderait à ce que je change d'avis serait de déscolariser plus encore. Cela peut arriver, mais je préfère me contenter du plus confortable Disneyland.

Voici la vraie – et embarrassante - raison pour laquelle j'apprécie Disneyland et crains Disney World : je peux marquer un meilleur score à Disneyland. Je peux en voir plus de 80%, peut-être 90% si j'y reste trois jours. J'ai entendu bien des gens dire qu'il faudrait rester une semaine à Disney World pour tout voir. Donc, je ne veux pas y aller, parce que si j'en voyais moins de 70%, je n'aurais pas la note de passage.

Je vois le monde en termes de notes et de pourcentage. J'ai, en quelque sorte, une « grille de classement » qui recouvre mes yeux et qui n'a pas encore été entièrement retirée. C'est triste mais vrai.
Pour certaines personnes, hélas, c'est encore pire. Certains ne peuvent quitter l'école parce qu'ils la transportent partout avec eux, comme un escargot avec sa coquille. Ils y vivent encore. L'école est devenue une partie d'eux-mêmes, la partie la plus dure. Ils continuent à se définir par leurs échecs et leurs réussites scolaires.

Comment une personne qui est allée à l'école pendant douze ans ou treize ou seize ou vingt ans peut-elle s'affranchir de toute cette programmation et de tous ces messages ? Lentement, et avec effort, et parfois l'école peut encore revenir les inonder ou suinter sur les bords. Pourront-ils, un jour, retrouver leur moi « non-scolarisé » ?

L'année dernière, j'ai oublié que l'école était finie, et j'ai offert d'aider une amie pour un de ses cours d'histoire. Comme on était en juillet, elle a répondu: « Cool! Dès que l'école recommence. » Elle avait besoin d'emprunter cette cotte de mailles, mais pas en été. Ça m'a semblé être un progrès que j'aie oublié l'« année scolaire » pendant un certain temps.

À chaque mois de septembre, « la rentrée scolaire » entre en jeu. J'ai envie de l'odeur des nouveaux crayons. J'aime aller dans l'allée des fournitures scolaires au magasin et admirer les paquets de papier et les nouveaux cartables. Mes enfants ont toujours les cartables qu'ils ont eus pendant des années et ils n'ont pas besoin d'en avoir de nouveaux. Je n'en ai pas besoin non plus et pourtant, je suis attirée là comme un oiseau migrateur qui doit passer sur un terrain familier au même moment chaque année.

J'aime l'aspect de la lettre « A » beaucoup plus que j'aime voir un « D » ou un « F ». Mon nom de jeune fille commence par un « A », et mon nom de femme mariée commence par « D ». « D » n'est pas aussi bon. Ces lettres sont imprimées dans mon cerveau avec leurs « valeurs » scolaires.

Mais bon, les petites cicatrices comme ça ne sont que des irritants ou des curiosités. Je regrette les cicatrices et les imperfections et les petits chagrins mais, s'ils me ralentissent, ils ne me paralysent pas. Je peux voir à travers eux et au-delà.

L'école est une partie de moi, et je fais partie des souvenirs scolaires de nombreuses personnes, que ce soit ceux d'une camarade de classe ou d'une enseignante. Mais l'école n'est pas une partie de mes enfants, ni eux une part de l'école.

Parfois les gens me disent: « Vous êtes patiente avec vos propres enfants, mais insistante avec les parents unschoolers ». Je ne fais pas de porte à porte pour demander aux gens s'ils connaissent le unschooling et s'ils aimeraient en savoir plus. Cependant, s'ils viennent là où je suis déjà, je pourrais les presser. Et quand je le fais, c'est à cause de la possibilité qu'ils soient à court de temps.

Mes enfants ont toute leur vie pour mémoriser 7x8 s'ils le veulent.

La mère d'un enfant de douze ans a TRÈS peu de temps si elle veut aider son enfant à se remettre de l'école et passer quelques années « unschooling » avec lui avant qu'il ait grandi et qu'il ne parte. Elle n'a pas le temps de s'y mettre à l'aise progressivement. Si elle décroche, il aura déjà quinze ou seize ans et ça n'aura pas marché.

Si la mère d'un enfant de cinq ans est en train de décider combien d'enseignement de la lecture et d'exercices de mathématiques poursuivre avant de passer au unschooling, je préfèrerais la presser pour qu'elle penche vers « aucun », car « certains » est dommageable au potentiel de l'enfant d'apprendre avec joie et de découvrir par lui-même. Et « beaucoup » ne fera que nuire plus encore. « Aucun » peut encore se changer en « quelques » si le parent ne peut pas vivre le unschooling. Mais s'il ne le cherche même pas, il manquera à jamais l'occasion de voir cet enfant apprendre à lire graduellement et naturellement. Il sera trop tard, ce sera envolé à jamais.
 Jamais.

C'est pourquoi je ne dis pas: « Oh, je suis sûre que ce que vous faites est bien, et si vous voulez '' unschooler '', vous pouvez y venir peu à peu, à votre propre rythme. Rien ne presse. »
Les gens disent en plaisantant (et pourtant, c'est vrai) de leurs enfants qui apprennent la lecture plus tard, « je suis sûr qu'il saura lire avant son premier rendez-vous amoureux ». Par contre, on ne peut pas en dire autant du unschooling si le parent est attaché à la pensée qu'il doit enseigner quelque chose.

Jusqu'à ce que la personne cesse de faire les choses qui empêchent le unschooling de fonctionner, le unschooling ne peut pas fonctionner.

Ça me paraît simple. Si vous essayez d'écouter un son, vous devez vous arrêter de parler et rester là, présent, disponible.

Certaines personnes veulent voir le unschooling se produire pendant qu'ils sont encore à enseigner, à faire des tas de choses inutiles, à attribuer des tâches et à exiger des résultats.

D'abord, ils doivent mettre fin à tout ça. Et puis, ils doivent être présents, être là pour vrai. Et puis, ils doivent regarder leurs enfants avec des yeux nouveaux, un nouveau regard. S'ils ne le font pas, ça ne marchera pas.

Je vois encore le mot « matières » partout, mais je n'ai pas enseigné ces catégories et préjugés à mes enfants. La science a beaucoup plus à voir avec l'histoire que la géologie n'a à voir avec la microbiologie, mais à l'école, la géologie, la biologie, l'astronomie et la physique sont tous « la même chose », et l'histoire est tout à fait à part. Pourtant, les plus importantes parties de l'histoire impliquent les connaissances de chaque culture et comment chacune les mettait à profit, que ce soit dans la construction navale ou l'utilisation d'outils en fer, la médecine ou les communications.

Holly demandait hier quand les gens ont découvert que la terre n'était pas plate. Je lui ai dit qu'il n'y avait pas de date ou de siècle précis parce que les gens ont découvert des choses différentes à des moments différents, et qu'on est allé jusqu'à en faire taire certains quand ils ont dit que la terre était ronde, ou que le soleil n'orbitait pas autour de la terre. Je lui ai également dit : « Demande à ton père car il est vraiment intéressé par l'histoire de la science ».

J'ai remarqué que quand je l'ai dit, j'ai nommé une « matière », mais je ne me sentais pas trop mal. Elle a douze ans, elle lit, et après tout, « l'histoire de la science » n'a jamais fait partie de ma scolarité. Un professeur de sciences n'était pas certifié pour m'enseigner l'histoire, et vice versa. C'est seulement à l'extérieur de l'école que j'ai compris que les découvertes scientifiques faisaient partie de l'histoire, que la musique était une science, et que l'art était aussi de l'histoire.

L'école a servi à empêcher les connexions pour moi, ce que je n'ai surmonté qu'avec difficulté. C'est un problème que mes enfants n'ont jamais eu. Si les Animaniacs ont réussi à connecter, pour eux, Magellan et la Seconde Guerre mondiale, et bien c'est une connexion que l'école n'aurait jamais faite pour moi, dans aucune circonstance. Si l'apprentissage pour le plaisir crée plus de connexions que « l'apprentissage sérieux » ne peut le faire, je ne peux plus prendre au sérieux « l'apprentissage sérieux ».

La meilleure fonction de l'école dans ma tête s'avère être de me rappeler où je ne dois pas m'attarder. J'ai fait mon temps dans et autour de l'école, et j'ai appris des choses laborieusement et à contrecœur que mes enfants ont appris plus tard en riant et en jouant et en chantant. J'ai protégé la liberté de mes enfants et je leur ai donné des choix heureux que je n'ai pas eus.

J'ai appris à l'école que la meilleure façon de mettre fin à une rédaction est de rattacher la conclusion à l'introduction, mais ces oiseaux ne peuvent pas faire leur nid là où j'ai commencé. Ils sont d'une génération qui y a échappée, et ont pris leur envol et effectué librement leur première sortie sans une école où retourner en septembre. Mais attendez : si je perds 10% pour la faiblesse de la conclusion de ma rédaction, je peux la rattacher à l'introduction et ainsi, peut-être encore obtenir un « A ».
C'est assez pathétique, mais ça me fait me sentir mieux.
~Sandra Dodd

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Sandra Dodd vit à Albuquerque (Nouveau-Mexique) et a trois enfants, aujourd'hui adultes, qui ne sont jamais allés à l'école. Ex-enseignante, ancienne bonne élève, membre de la « Junior Honor Society » et agente d'un jour de la patrouille de sécurité, Sandra ne sera probablement jamais récupérée de l'école durant cette vie.

Ce texte a d'abord été publié dans la rubrique « Unschooling » de l'édition mars/avril 2004 du Home Education Magazine.

1 commentaire:

Toute une vie pour apprendre a dit…

Super , je partage , a ça fera partie des moteurs de ma journée ;) merci beaucoup

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