vendredi 9 décembre 2011

John Lennon et l'apprentissage sans école

John LENNON
peace & love
Biographie vérité d'une légende

par Gabriel MORAINE
(journaliste et sociologue, il vit à Paris et est spécialisé dans l'histoire et la culture rock)
Hachette 50 7926 4





Mes extraits préférés:

(p.23) Vers l'âge de 6 ans, en six mois [...] « il apprend à lire et à écrire. Le soir, assis sur les genoux de George, il pioche des mots au hasard dans le Liverpool Echo; cette activité fait naître en lui un amour de la presse et des journaux qui deviendra une addiction parmi quelques autres et une constante source d'inspiration.
John aime peindre et dessiner; […] crée et développe son propre monde imaginaire. […] est souvent récompensé pour ses dessins et peintures. À la place des « Maman, papa, le chat et moi devant la maison », John fait des caricatures de ses profs et de ses camarades, très distordus, mais instantanément reconnaissables, qui font autant rire les adultes que les enfants. Un jour, John dessin Jésus-Christ, barbu, les cheveux longs, autoportrait en avance de 20 ans. En sport, il se défend, notamment en course à pied et en natation. Pas tant dans les sports collectifs: il est incapable de suivre le ballon des yeux, car […] il (est myope) a besoin de lunettes dès l'âge de sept ans. Il ne s'habitue pas à les porter et les laisse de côté dès que possible [...]»

(p.28) En Angleterre, on a un examen dont on nous menace depuis l'âge de cinq ans et qui s'appelle le Eleven Plus [l'équivalent anglais du certificat d'études]. « Si tu n'as pas ton Eleven Plus, ta vie est foutue. » C'est le seul examen que j'aie jamais réussi parce que j'étais terrifié. (Quand l'examen a été terminé, le prof a dit qu'on pouvait faire ce qu'on voulait. Alors, j'ai peint.)

(p.29) D'emblée, John décide de ne pas souscrire au système éducatif de quelque façon que ce soit. Initialement, il fait partie du groupe de niveau A, celui des garçons prometteurs; mais il est rapidement rétrogradé dans le groupe B, puis dans le C.
[…] Et si Quarry Bank devient le théâtre de ses errements, John reste un lecteur assidu. Il continue également à dessiner et à faire des caricatures, marqué qu'il est par la découverte de deux illustrateurs […] pour le New Yorker [...].

(p. 30) Entre 1953 et 1955, il fait « l'école buissonnière[...], fume et souvent,[...] s'installe à sa place habituelle sur un tabouret du café Kardomah et dessine pendant des heures. Pour Mimi, ces activités artistiques ne sont que des distractions qui l'éloignent de son travail scolaire, et parfois, une surprise attend John à son retour à Mendips:
    • Je lui disais: « Ne jette surtout pas mes papiers. » Un jour, quand j'avais 14 ans, je suis rentré à la maison, elle avait fouillé dans mes affaires et balancé tous mes poèmes. Je lui ai dit: « Un jour, je serai célèbre, et tu regretteras ce que tu as fait. »

(p.32) 1955: il fait la connaissance de Len Garry,[...] ami d'un certain Paul McCartney. Le jour de leur rencontre, John montre à ses camarades un bout de papier: c'est le Daily Howl. De tout temps, il a dessiné, peint, écrit des poèmes et des nouvelles. Se projetant apprenti journaliste dès l'école primaire, il avait imaginé son propre magazine, Sport, Speed and Illustrated, dont chaque numéro s'achevait par la recommandation: Si celui-là vous a plu, revenez la semaine prochaine, ça sera encore mieux ! [...]

(pp. 34-35) 1956: John entend parler d'Elvis Presley. « … quand je l'ai entendu, ça a été la fin du monde... Je suis un fan d'Elvis parce que c'est lui qui m'a permis de quitter Liverpool. Dès que je l'ai entendu et que je l'ai aimé, ça a été tout ma vie, il n'a plus rien existé d'autre. Je ne pensais plus qu'au rock'n'roll. […]
Toujours en 1956, « les déflagrations sonores en provenance des États-Unis se multiplient Chuck Berry, Little Richard, Carl Perkins, chaque artiste, chaque disque offrent à la jeunesse anglaise des perspectives inespérées.
    • De tout ce qui se passait quand j'avais 15 ans, c'était la seule chose qui arrivait à m'atteindre, explique John […]. Le rock'n'roll était réel et tout le reste était irréel.
La suite logique fut d'apprendre à jouer de la guitare. Julia lui en commande une par correspondance. Il va à un cours, mais n'y retourne plus, le prof souhaitant lui faire apprendre le solfège. Julia va donc lui apprendre à jouer de la guitare comme on joue du banjo, en grattant accords et arpèges sur les quatre cordes les plus aigües de la guitare. […] John néglige de plus en plus son travail scolaire, ce qui lui vaut quelques réprimandes de la part de Mimi.
    • La plus belle chose que Mimi ait jamais dite, c'est: « La guitare est un chouette passe-temps, John, mais ça ne te fera pas gagner ta vie », se souvient-il. Les fans américains ont fait graver ça sur de l'acier et le lui ont envoyé. Elle l'a accroché dans la maison que je lui ai achetée; elle a ce truc en face d'elle toute la journée.

(pp 40-41)
    • Je crois que j'ai un peu pété les plombs. Je partais à la dérive. Je refusais de travailler à l'école, et quand j'ai présenté mon GCE (General Certificate of Education, le brevet élémentaire de premier cycle), j'étais déjà un cas désespéré. À l'examen blanc, j'avais eu l'anglais et l'art, mais le jour de l'examen, je n'ai même pas eu l'art, se remémore John en 1965. J'ai été déçu de ne pas avoir l'art, mais j'avais laissé tomber. Tout ce qui les intéressait, c'étaient les trucs proprets. Je n'ai jamais été propret. Je mélangeais toutes les couleurs. Une des épreuves consistait à illustrer le « voyage ». J'ai dessiné un bossu couvert de verrues. Manifestement, ça ne leur a pas plu.
John n'a pas envie de redoubler, […] (mais) cet échec le prive de l'accès au lycée de la Quarry Bank et il est obligé de quitter l'école. Pour quoi faire ? Lui-même l'ignore […]:
    • Je ne savais pas vraiment ce que je voulais devenir, à part un milliardaire excentrique. Il fallait que je sois milliardaire. […] J'ai toujours cru que j'allais devenir un peintre célèbre et que je devrais peut-être épouser une vieille dame ou un homme très riche qui s'occuperait de moi pendant que je me consacrerais à mon art. Mais le rock'n'roll est arrivé et je me suis dit: « Ah ! Ah ! Nous y voilà . » Du coup, je n'ai pas eu à épouser qui que ce soit, ni même à vivre avec.

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