mardi 17 décembre 2013

Le unschooling, une attitude

Pauline, Antonin et André Stern à la Première de Alphabet, Vienne, 9 octobre 2013

Des parents se demandent souvent comment faire, comment répondre aux besoins de l'enfant, ou si ceci ou cela est vraiment 'unschooling'.
On entend ou on lit parfois que le unschooling est une philosophie, ou un mode de vie.
J'ai posé la question à André Stern, en juillet 2012.
Sa réponse rejoint ce que j'ai ressenti comme parent.
La voici:

« Il n'y a pas de philosophie, pas de méthode. Un mode de vie, c'est déjà plus près, mais c'est une attitude surtout.
Mes parents étaient émus, ils nous ont vu grandir, marcher, parler sans intervention éducative, sans incitation, chacun à son rythme. Ils sont émus, ils le sont encore, ils vivent une seconde vague avec Antonin; ils rencontrent l'enfance d'Antonin avec un confiance décuplée. 
Leur attitude principale c'est l'observation. En position d'observation, on se met à l'abri des erreurs qu'on peut commettre. On n'a plus le temps de réfléchir. Porté par la curiosité, j'observe quel sera le prochain pas naturel dans la disposition spontanée de l'enfant, plutôt que de chercher de quelle manière je pourrais induire le pas suivant.

Anecdote: Antonin s'est mis à dire : « 2, 4, 6 ». Pourquoi ? On ne sait pas.
Il entendait un chiffre, et répondait: « 2, 4, 6 ».
Nous sommes habités par la curiosité de voir venir l'étape suivante. Dans le monde des autres, qui n'est pas toujours comme le nôtre bien que nous en fassions partie, un adulte un peu choqué de le voir rayonnant répéter 2, 4, 6, nous a dit: «Vous ne pouvez pas le laisser dans une telle erreur, il prononce mal, il compte mal, c'est votre responsabilité de lui montrer». Il a dit à Antonin: « Il faut dire 1, 2, 3, 4, 5, 6,...».

Je m'appuie sur la neurobiologie moderne; l'enfant se tourne vers ses personnes de référence primaire: ses parents. L'enfant attend d'eux un acquiescement, un feu vert. Ça s'inscrit dans l'enfant. On a une responsabilité immense, il s'agit pour nous de donner à sa disposition spontanée l'acquiescement qu'il attend; nous validons et alors, toutes les autres influences n'ont aucune prise sur lui.

Antonin l'a regardé, a répondu: «2, 4, 6 ».

Plus tard, il s'est mis à dire: « 1, 3, 4, 6 ».

L'enfant a une telle envie, un tel besoin d'acquiescement, de référence, il est prêt à abandonner sa disposition spontanée au nom de ce qui reçoit un bon accueil de la part de ses personnes de référence. L'on peut laisser l'enfant dans sa disposition, ou lui imposer la nôtre : quelle responsabilité immense!

On savait qu'un autre pas viendrait après 1, 3, 4, 6, si on n'intervenait pas. Nous voulons être sûrs que son évolution soit son évolution personnelle et non le fruit de notre intervention. Voilà ce qui meut depuis toujours mes parents. »


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